Dimanche 14 juillet 1914, comme dans toute la France, la population wattenaise commémore la Fête Nationale. Quelques jours plus tard, le 3 août, la guerre est déclarée, 87 wattenais y perdront la vie.
Les soldats français cantonnés à Watten au début du conflit étaient des «auxiliaires des places fortes ou de forteresse». Il s’agissait d’hommes que l’âge ou un état de santé défaillant ne permettait pas d’employer sur le front mais qui pouvaient tout de même être appelés sous les drapeaux afin d’exercer un emploi militaire ou civil, en fonction de leurs compétences professionnelles. Le 3ème groupe des auxiliaires de Forteresse était composé essentiellement de soldats originaires de la région de Lyon. L’un d’eux a laissé ce poème édité à Watten.
Watten ne fut pas occupée par l’armée allemande lors du 1er conflit mondial, néanmoins la population de cette bourgade industrielle située à l’arrière du front ressentit le conflit d’une autre façon. Elle vécut au rythme des réfugiés, des cantonnements des troupes françaises puis anglaises, des réquisitions et de ses jeunes hommes qui année après année durant 4 ans vinrent grossir la longue liste des morts.
A partir de l’arrivée des troupes anglaises la vie locale sera marquée par cette présence militaire qui engendre de nombreuses réquisitions et même quelques conflits dont les habitants saisissent le maire lequel doit en référer au Commandant anglais de la place de Watten. L’armée anglaise avait également installé un hôpital de campagne au lieu-dit «Bleue-Maison» à Eperlecques, des péniches hôpital furent également amarrées le long de l’Aa.
Dans le but de ravitailler en munitions les troupes du front de l’Yser l’armée anglaise construisit un ouvrage sur pilotis afin de faire passer au-dessus de l’Aa une voie de chemin de fer qui allait vers Saint-Momelin. Les trains entièrement chargés traversaient le détroit du Pas de Calais sur des bateaux entre Douvres et Calais puis empruntaient la ligne de chemin de fer Calais-Lille jusque la gare de Watten-Eperlecques. L’armée anglaise construisit au niveau de la gare une bifurcation et une voie unique qui se dirigeait vers la route départementale en passant sur des terrains privés. La Reninghe et l’Aa devant être traversées il fallut donc faire des ponts sur ces deux cours d’eau, le plus important franchissant l’Aa. Cette voie ferrée débouchait entre le 126 et le 128 de l’actuelle rue Pascal Leulliette.
Après la guerre de 1914-18, les Tuileries du Nord utilisèrent ce pont et la voie ferrée pour l’expédition de tuiles à partir de la gare de Watten-Eperlecques. L’ouvrage fut alors dénommé par la population «pont de anglais». Les allemands l’utilisèrent à leur tour pendant la 2ème guerre mondiale pour approvisionner leurs dépôts de munitions de la Tuilerie et du bois du Ham. Ils le firent sauter en 1944 pour protéger leur repli.
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Du 3 septembre 1939 au 23 mai 1940, Watten vit cantonner des unités françaises et une unité du génie anglais qui fit sauter le double pont fixe de Watten le 24 mai 1940.
Ce même jour, les premiers obus tombent rue de l’Hospice, et des combats se livrent en différents endroits de Watten, mais plus particulièrement rue de la Gare], rue de l’Hospice à l’entrée des Tuileries. Les premiers éléments de l’armée allemande entrent à Watten à 20h30, le 25 mai 1940.
Le franchissement de la rivière de l’Aa s’effectue sur un pont provisoire installé face à la rue de la Gare. Le 29 mai, à 23 heures, l’aviation anglaise lance des bombes qui tombent dans le secteur de la salle Saint-Gilles, le terrain des sports et la filature Vandesmet. L’armée allemande occupera Watten jusqu’au 6 septembre 1944, date de sa libération par l’armée canadienne.
C’est en octobre 1940 que l’occupant défigura le moulin à vent de la «montagne» après avoir démonté le toit et les deux ailes qui restaient pour en faire un observatoire.
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Dans la matinée du 6 septembre 1944, un détachement de voitures de reconnaissance de l’armée canadienne du régiment de Maisonneuve arriva vers 12h jusque l’Aa, qui ne fut pas franchie.
Ce fut le premier contact de la population de Watten avec ses libérateurs au carrefour de la rue de la Gare. Les membres des FFI s’efforcèrent de reconstruire une partie du pont de Watten, que les allemands avaient fait sauter pour protéger leur retraite.
En fin d’après-midi du 6 septembre, une jeep put entrer dans Watten. Elle était précédée d’un officier canadien, lieutenant du Canadia Provost Corps chargé d’assurer la liaison avec les autorités françaises en place. Après avoir salué les religieuses de l’hospice, il se dirigea vers la Grand Place et la rue de Dunkerque et passa la nuit à la brasserie Semette où il logea une semaine.
Dans la nuit du 6 au 7 septembre un petit détachement de canadiens francophones du régiment de Maisonneuve logea au garage Marmin à Watten. Les convois canadiens ne purent passer dans Watten que le 14 septembre après-midi après le lancement de pont sur le canal. Le dimanche 10 septembre 1944 à 11h00, une messe solennelle fut célébrée à l’église de Watten suivie d’un Te Deum et à 12h d’un défilé vers le monument aux morts.
Sources: témoignage et photos de M. Marcel Delaplace, Bulletin des Amis du Vieux Watten n° 28